C’est quoi être proactif ? - Anaïs Kustler

Episode 3 : C'est quoi être proactif ?

Podcast 3
Références :
 
Planification stratégique personnelle, Danie Beaulieu
 
 

Retranscription de l'épisode

Je vais te parler de la théorie de la proaction telle que développée par Danie Beaulieu.

Déjà, être proactif, ça veut pas dire faire un million de choses. Ça veut pas dire être hyperactif dans le sens commun du terme. C’est un peu plus compliqué et à la fois un peu plus simple que ça.

Mais d’abord, avant de t’expliquer ce que c’est vraiment, on va aller voir les autres items du modèle.

À la naissance, t’es pas mal passive, en fait, et c’est normal. Un bébé, ça peut pas prendre soin de soi tout seul. Ça a besoin d’être nourri, d’être lavé, tout ce qu’il y a de plus normal. Ce qui pose problème, c’est quand tu continues à être passive dans ta vie adulte.

C’est quoi une personne adulte qui a un comportement passif ?

Par exemple, ça va être un client qui attend que tu sortes la baguette magique pour résoudre tous ses problèmes. Quoi, c’est pas ça l’hypnose ? C’est pas une baguette magique ?

D’ailleurs, technique d’impact : prends une baguette magique. Quand t’as un client comme ça, sors une baguette magique. Amuse toi avec lui, provoque-le un peu pour lui faire comprendre que non, c’est pas de la magie, la thérapie.

En vrai, c’est nos comportements qui vont être passifs ou proactifs. On a des domaines de notre vie où on peut être passif et d’autres où on peut être proactif.

Dans ton activité, en tant que thérapeute, un comportement passif, ça peut être : « J’ai pas de clients. C’est pas normal. » Et en fait, je fais rien pour en avoir. J’attends que les clients tombent du ciel.

Ensuite, normalement, quand tu évolues, tu vas passer du passif au réactif.

Quand tu es réactif, c’est le moment en grandissant, où tu te rends compte que ton comportement, ce que tu fais, a une influence sur les autres.

Tu vas faire des choses pour les autres, pour rentrer dans le moule et correspondre à ce qu’on attend de toi.

Ou à l’inverse, tu vas être en opposition. « Ah ouais ? Vous voulez ça pour moi ? Hors de question. Jamais je vais faire ça. »

C’est pas un vrai choix. C’est un choix par opposition. C’est pas quelque chose que tu veux, juste que tu fais par opposition à quelqu’un.

Les clients qui sont réactifs, je dirais que c’est pas mal la majorité quand même. Parce que c’est un peu la majorité des gens. « Si je choisis cette voie, ça va décevoir ma mère. Si je fais pas ces heures supp’ non payées, il va plus m’apprécier. » « Mais si je lui dis non, elle va me détester. »

Quand t’es réactive, ça veut dire que c’est les autres qui ont la télécommande. Ils appuient sur un bouton et tu réagis.

Pour que ce soit une bonne technique d’impact, aie une télécommande en vrai dans les mains.

Ton père, il fait un froncement de sourcils, il a appuyé sur un bouton et il sait très bien que ça va réagir de l’autre côté, que tu vas pas être bien, que tu vas remettre en question ta décision, ton choix.

Toutes ces personnes qui vont faire quelque chose, pas parce qu’elles le veulent, mais parce qu’on leur a dit qu’il fallait les faire.

Je mange cinq fruits et légumes par jour parce qu’à la télé, on a dit qu’il fallait manger cinq fruits et légumes par jour. J’ai mal au ventre et je vais dix fois par jour aux toilettes, mais c’est pas grave parce que je fais ce qu’on m’a dit à la télé. Je caricature un peu, mais en vrai, c’est ça dans le quotidien de plein de personnes. Parce que c’est plus facile d’être en mode automate, de pas réfléchir.

Pourquoi j’ai fait ce choix ? Pourquoi j’ai pris cette décision ? Est ce que c’était vraiment proactif ou c’était réactif ?

Dans ton activité en tant que thérapeute, un comportement très réactif, ça peut être notamment, tu suis une théorie qu’on t’a enseignée dans une formation que tu as payée très cher. Sauf que tu l’appliques sans la réfléchir, sans te poser de questions sur sa validité.

Quelqu’un qui regarde en bas à droite, c’est quelqu’un qui ment. Non, c’est pas vérifié par la science, voire pire, y’a des expériences qui ont montré que c’était faux.

Ou encore, ça va être sur ta com. Tu peux être très proactive dans ton accompagnement et pas sur ta communication.  » Moi, on m’a dit qu’il fallait publier sur les réseaux sociaux tous les jours. Alors je publie tous les jours, même si ça m’épuise, même si mes publications sont pas de qualité, même si je fais ça en mode automate »

C’est complètement réactif. Et être proactive, c’est te poser la question : ok, y’a ces personnes qui disent qu’il faut publier tous les jours. Est-ce que c’est vrai ? Est-ce qu’elles sont légitimes ? Est-ce qu’elles le font elles-mêmes ?

Et deux, est ce que c’est ok pour moi ? Est-ce que moi je suis capable de publier tous les jours ? Est-ce que j’arrive à avoir du contenu de qualité tous les jours ? Et sinon, est-ce que j’ai envie de publier du contenu de moins bonne qualité pour avoir la quantité ?

Danie Beaulieu fait une distinction entre la proactive qui va être junior et la proactive senior. Quand tu es proactive junior, tu commences à être proactive.

Tu commences à faire des choix pour toi, à sortir du mode automate et à réfléchir : « Pourquoi est-ce que je fais ça ? ».

Quand t’es proactif junior, t’es proactif dans quelques domaines de ta vie, parce que tu commences juste à l’être. Surtout, y’a ce truc, c’est que tu découvres comme c’est trop bien d’être proactif. Du coup, t’as envie que tout le monde le soit. Et là, tu vas avoir cette tendance naturelle à tirer les gens vers toi, à vouloir qu’ils soient proactifs. Regarde comme c’est bien.

Sauf qu’en vrai, être proactif, ça demande du courage. Je t’ai dit, on passe naturellement du passif au réactif. Après, tu peux régresser.

Mais par contre, du réactif au proactif, ça demande du courage, ça demande de l’effort, ça demande de l’autodiscipline. C’est pas simple. C’est plus facile avec des modèles aussi. Et surtout, c’est compliqué vis à vis des autres. Parce que la majorité des gens ont un comportement réactif.

Il faut rester dans le moule. Surtout, on dépasse pas.

Un homme qui choisit de mettre du vernis à ongles, parce qu’il aime ça, parce que ça lui plaît, il va être proactif. Sauf que, ça plaît pas trop. C’est pas dans les codes de la société. Et y’a beaucoup de gens qui vont être très réactifs pour le coup, et qui vont peut être le rejeter, le juger, parce qu’il sort du moule.

C’est vraiment pas facile à intégrer quand tu commences à être proactive, parce que tu as ces retours autour de toi qui sont pas forcément très, très positifs.

Y’a un exemple que je donne très souvent, c’est ma cousine Virginie.

Elle, elle est très proactive dans son comportement. Par exemple, quand elle va manger chez des gens, elle est pas très sucrée. Elle va se régaler du plat, de l’entrée, arrivée au dessert, souvent, elle va dire non, parce qu’elle a assez mangé.

Mais ça se fait pas ça ! Surtout quand l’hôtesse a cuisiné avec amour ce gâteau, qu’elle l’a fait elle-même. Y’a des gens avec qui ça bloque, qui le vivent super mal.

Toi, tu fais quoi quand tu es invitée chez des gens, que tu dis « Non merci, je prendrai pas de gâteau » et que la personne te regarde et te dit « Mais si, vas y, je t’assure, il est bon. Et puis je l’ai fait moi-même. » ?

Y’a combien de gens qui vont mettre de côté ce qu’ils pensent, leurs ressentis, et dire « Ok, mais une petite part alors. » et là, en général, elle te met la moitié du gâteau dans l’assiette.

Ça, c’est complètement réactif. Mais pourquoi tu fais ça ? Parce que tu sais qu’en fait, la personne, y’a un risque qu’elle se vexe. Le truc, c’est que c’est son problème.

C’est assez dur, je sais. Mais quand tu fais un choix pour toi, pour des raisons valables et justes, et éviter d’avoir mal au ventre et de faire souffrir ton corps, ça me paraît être une raison valable et juste de refuser, que tu le fais de façon polie, correcte, c’est son problème si elle le prend mal.

Et ça, c’est difficile à faire comprendre à tes clients, à leur faire mettre en place. Plus tes clients vont être proactifs, plus ce sera cool pour eux, mais il va falloir quand même gérer l’extérieur.

C’est pareil pour toi dans ta pratique. Être proactif, qu’est ce que ça veut dire ? Ça veut dire se connaître. Ça veut dire je sais qui je suis. Je connais mes forces, je connais mes faiblesses, je connais mes limites. Je sais ce qui est bon pour moi et ce qui l’est pas. Je fais des choix en conséquence.

Mais c’est aussi, je vais déterminer des objectifs pour ma vie.

On dit souvent être proactif dans le cadre du travail, dans le sens d’anticiper. Oui, effectivement, anticiper, ça fait partie d’être proactive. Parce que si j’attends que les problèmes arrivent pour les régler, je suis réactive.

Si j’anticipe les problèmes et je mets en place des choses pour les régler, là, je suis proactive.

Être proactive senior, c’est être proactive dans énormément de domaines de sa vie, la très grande majorité, et avoir cette vision à long terme de sa vie.

Quand on est proactive junior, c’est plutôt une vision à moyen terme.

Pourquoi c’est important de se connaître ? Dans l’exemple de ma cousine Virginie, elle est capable de dire non et sans culpabilité parce qu’elle se connaît et elle sait que c’est mieux pour elle de pas manger de dessert à ce moment là.

C’est pas pour vexer ou embêter, c’est parce que pour elle, c’est mieux comme ça.

Par exemple, dans un des cabinets que j’ai occupés, régulièrement, y’avait un panneau quand j’arrivais collé dans la salle d’attente avec écrit « Madame machin (une collègue qui était psychologue) a une heure de retard.»

C’est bien parce que ça annonce aux patients qui sont dans la salle d’attente qu’il va y avoir une heure de retard.

Ok, mais déjà ce papier, il était imprimé, il était pas écrit à la main. Ça montre bien que c’est une situation régulière. Ensuite, je l’ai vu très souvent, ce panneau. C’était vraiment une situation régulière.

Là, c’est un moment où ça serait une bonne chose d’être proactive, de se dire « Ok, la durée normale d’une séance, c’est 45 minutes à une heure. C’est ce que la majorité fait. Donc, je fais 45 minutes à une heure. Sauf qu’en fait, je dépasse systématiquement. Donc en vrai, mes séances, elles durent une heure et demie. »

Être proactive à ce moment là, c’est se dire « Alors je vais arrêter de dire que mes séances durent une heure, de base, dans mon agenda, je vais poser des séances d’1h30 ».

Tu vois, quand tu essaies vraiment de coller à des codes, à des règles qu’on t’a appris et que tu penses qu’il faut absolument que tu rentres dans la règle et tu essaies, tu essaies et en fait, c’est un carnage parce que ça marche pas.

Résultat, tu as des patients derrière qui attendent une heure entière en salle d’attente. Sois proactive, accepte que toi, t’es pas capable de faire des séances d’une heure.

Les règles, le normal, c’est là pour donner un cadre, mais le cadre, il est pas forcément bon pour tout le monde. Et les règles sont pas forcément justifiées.

Si toi, tu n’es pas capable de faire des séances d’1h et qu’au final, avec 1h30, tu fais du bon travail, tes clients, ils sont contents, fais des séances d’1h30.

Mais attention, être proactive, ça veut surtout pas dire balayer tous les arguments des autres. Ça, c’est du réactif. Non, quand je suis proactive, je vais vraiment avoir ce moment de réflexion.

Si je reprends l’exemple de publier tous les jours sur les réseaux sociaux, pourquoi on dit qu’il faut publier tous les jours sur les réseaux sociaux ? En quoi c’est important ? Qu’est-ce que moi, je vais gagner à le faire ?

C’est toutes ces réflexions qui font que tu vas être proactive ou plutôt réactive, voire passive. C’est toujours pourquoi tu fais les choses. Pour savoir si c’est passif réactif ou proactif, c’est pourquoi je le fais. Quelle est la raison derrière ?

Si, par exemple, tu as décidé que lundi matin, tu allais faire ta compta, tu l’as marqué dans ton agenda, tu es proactive, tu l’as anticipé, tu l’as planifié. T’arrives le lundi matin, t’as une migraine pas possible, tu vois trouble tellement t’es mal. Faudrait que t’ailles t’isoler, mais t’as dit que t’avais ta compta à faire.

À ce moment là, si tu fais ta compta, t’es réactive. Tu la fais parce qu’il faut la faire, parce que t’avais écrit dans ton agenda « Il faut que je fasse la compta ce matin. » Donc, automate, tu le reproduis.

Alors que si tu choisis de dire « Non, je ne ferai pas ma compta ce matin parce que je ne suis pas en état, parce que je risque de faire des erreurs. » Là, t’es proactive. C’est toujours le pourquoi.

Et c’est bien sûr à doser en fonction des troubles que peut avoir la personne. Si elle a un TDAH, si elle a une dépression, etc. Tout ça, ça va jouer pour savoir si son comportement, il est passif, réactif ou proactif. Et c’est essentiel.

Je l’ai aussi énormément utilisé en cabinet avec mes clientes. Je leur dessine la cible de la proaction. Le but, c’est de placer sur cette cible, avec toute une légende, des petits croix, des triangles, des carrés, de placer les comportements de ta cliente, pour savoir où est-ce qu’ils se situent sur cette cible et voir ce qui peut être amélioré.

On n’a pas d’obligation d’être 100% proactif. C’est pas du tout un objectif que je vise personnellement ni que je vise pour mes clients.

Plus on va être proactif, plus on va regagner du pouvoir sur soi. Et ça, c’est important. La théorie de la proaction, c’est vraiment une approche dans laquelle tu reprends du pouvoir.

Ce que j’ai oublié de te dire, c’est que quand t’es proactif senior, t’as plus envie de tirer les gens vers toi. T’as plus envie qu’ils soient absolument proactifs parce que c’est trop génial et tout.

Tu sais qu’ils vont y venir par eux mêmes, si c’est ce qu’ils veulent. Y’a comme un pôle d’attraction du côté du proactif et du côté du passif qui fait que les gens qui orbitent autour d’une personne proactive vont avoir tendance à avoir des comportements proactifs, parce que cette personne va agir comme un modèle.

À l’inverse, quand t’es trop près d’une personne passive, t’as tendance à être attirée par ce comportement passif.

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